Portrait de Philippe Cauwel ©P.Noisette
Interview de Philippe CAUWEL
Président de l’Association des Amis du Moulin de Brissac (A.M.B)
Nous vous laissons le soin de vous présenter et de nous en dire un peu plus sur vous…
Mon épouse Martine et moi avons découvert l’Anjou il y a 50 ans (nous en avons 78 aujourd’hui), elle, en reprenant la Pharmacie de Brissac, moi en y créant un Labo d’Analyses médicales.
Tout de suite, je me suis intéressé au patrimoine local au sein du Cercle d’Études du Duché de Brissac, puis à la Présidence du Syndicat d’Initiative, comme on disait à l’époque.
J’ai œuvré aussi pendant 18 ans à la mise en valeur du riche patrimoine viticole local en créant et animant le Concours de Rouges de Brissac, aboutissant à la création des Appellations Anjou-Villages et Anjou-Brissac.
Pendant mon mandat de Maire de Brissac-Quincé et de Pdt de la ComCom de Brissac, j’ai introduit à Brissac les manifestations nationales et internationales de Montgolfières.
Je suis passionné de sport, de voyages, de cinéma, de philosophie et de tout ce qui touche à la culture et au patrimoine.
Pouvez-vous nous présenter l’association des Amis du Moulin de Brissac ?
Cette association a été créée en août 2020, peu après que nous ayons acquis le moulin, avec pour objet de « promouvoir » la restauration de ce monument et, ultérieurement, d’en assurer « l’animation » car un moulin qui ne tournerait pas serait condamné à se détériorer au point de disparaître au bout de quelques décennies.
La phase de promotion a été un plein succès puisque l’AMB regroupe aujourd’hui 258 membres venant de 17 départements avec, bien évidemment, une grande majorité d’angevins.
Le retentissement médiatique a été bien au-delà de nos espérances, avec des reportages sur toutes les grandes chaînes TV et le Prix régional de la Mission BERN.
Pour la seconde phase, notre futur meunier viendra, lui, de Loire-Atlantique avec pour objectif de former bénévolement au fonctionnement complet du moulin les « locaux » qui seraient intéressés par la découverte et la sauvegarde de ce fabuleux savoir-faire.
La cotisation dérisoire (10 € par an) a uniquement pour but « d’acter » l’adhésion et en aucun cas de financer la restauration.
©Y. Sourisseau
Le Moulin de Brissac, situé à Saint-Jean-des-Mauvrets, est en phase de restauration ; pouvez-vous nous parler de ce projet ?
Peu d’angevins en ont conscience, mais l’Anjou est « l’autre pays des moulins » (après la Hollande)… à juste titre puis qu’il en a compté jusqu’à 2 100 en 1809 : 880 à eau et 1200 moulins à vent, dont 650 moulins-caviers, spécifiques à l’Anjou. Chaque village avait ses moulins à vent : Angers en comptait 143, Saumur 35 (incroyable, non ?).
De ces innombrables moulins la plupart ont disparu ou n’en subsistent que des ruines. En 2022, un seul moulin-cavier était encore en mesure de « tourner » et de moudre (à Grézillé).
C’était tout un pan d’un patrimoine, emblématique du paysage, de la culture, de la vie historique et sociale de notre Région qui disparaissait.
À l’entrée nord de Brissac, sur la crête du Coteau de l’Aubance, sur le territoire de Saint-Jean-des-Mauvrets, parmi les 12 moulins-caviers historiquement érigés côte à côte, le dernier résistait péniblement… c’était le plus ancien (1580), le plus haut (16m50), le dernier à avoir tourné (1949) et il était sur le point de s’écrouler.
Pour mettre fin à ce crève-cœur, il a été décidé par notre association de le sauver et il a fallu rassembler toutes les énergies : le faire protéger en le faisant inscrire à l’I.S.M.H., déposer des dossier au niveau de l’État (DRAC), de la Région, du Département, de la Fondation du Patrimoine et de la Mission BERN (mais pas des communes ou de la ComCom pour des raisons… que vous devinerez personnelles).
©CH. Le Roux
©J.M.Poirier
©J.M.Poirier
Le Moulin de Brissac en 1895
Faire vivre le patrimoine, le sauvegarder, puis le transmettre aux générations futures, c’est important pour vous ?
Quand on ne connaît pas son Passé, ou qu’on l’a oublié, on perd des repères essentiels pour vivre son identité, comprendre qui nous sommes et envisager l’Avenir de notre civilisation.
Le patrimoine, les racines communes, soudent une Société. Nous avons reçu en héritage des trésors et notre devoir est de les préserver pour les transmettre à notre tour.
Chacun pense aux châteaux, aux édifices religieux mais le Patrimoine comporte aussi tant de « petits » monuments, témoignages du passé. Les moulins en font partie intégrante, surtout quand on sait qu’autrefois les 3 personnages clefs de tout village étaient le Châtelain, le Curé … et le Meunier !
Vous avez un lien fort avec la commune de Brissac, pouvez-vous nous en dire davantage ?
En fait j’aime… les relations humaines et nous avons eu la chance, mon épouse et moi, d’atterrir par hasard dans un village et une Région où on pouvait se forger et vivre de formidables relations au sein de la collectivité, pour peu que l’on accepte de s’y donner pleinement, avec simplicité et sincérité.
Brissac nous a permis de vivre nos passions dans un cadre idéal (nature, patrimoine, vie associative dans les domaines les plus divers).
Organiser le sauvetage et le retour à la vie de ce moulin si emblématique nous a semblé être le dernier témoignage de reconnaissance que nous pourrions manifester à un village qui aura permis à notre famille une vie si riche et heureuse.
Quels sont vos lieux et sites « coups de cœur » sur le territoire du Loire Layon Aubance, qu’ils soient naturels, patrimoniaux, touristiques ?
Oh, ils sont nombreux :
Evidemment, et même sans être chauvin, le Château de Brissac surtout quand on a la chance d’en connaître les coulisses … ainsi que son parc, si changeant au fil des saisons.
Personnellement je suis très sensible aux multiples villages de charme et notamment : Saint-Aubin-de-Luigné, Aubigné-sur-Layon, Blaison et les Garennes sur Loire.
Les rives de notre fleuve royal m’ont offert aussi des émotions uniques, notamment pour ses jeux de lumière et particulièrement depuis la nacelle d’une montgolfière
Enfin nos coteaux à l’automne, quand nos vignes se parent d’or et si, par bonheur, vous avez dans le même champs de vision deux superbes moulins à vent comme ceux d’Ardenay à Chaudefonds-sur-Layon, c’est le pied total !
Quelle belle Région !!!
©Y.Sourisseau